Deux hommes dans la poussière,
Souffle rauque des lutteurs,
Mains qui se cherchent, se serrent,
Membres couverts de sueur,
Sous la blafarde paupière
De la lune, seul veilleur.
Aux premiers feux de l'aurore,
Jacob gît, hanche démise.
- Toi qu'un feu sacré dévore,
La victoire t'est acquise.
Mais bénis-moi, reste encore,
Je ne lâcherai pas prise.
- Quel est ton nom, voyageur ?
Dis-le moi, ou je refuse.
- Jacob je suis ! Supplanteur,
Celui qui prend par la ruse.
Je fus tricheur et voleur,
Tel je suis, je ne m'abuse.
- Israël ton nom sera.
Car tu luttas avec Dieu
Et remportas le combat.
Par le Nom saint et glorieux,
Je te bénis ici-bas.
Marche libre sous les cieux.
Le soleil dorait l'azur
Quand Jacob franchit le gué.
Corps tortueux, pied peu sûr,
Esprit droit, coeur apaisé.
"J'ai vu le Dieu saint et pur
Face à face, et fus sauvé."